L'honneur d'Edward Finnigan by Anders Roslund & Börge Hellström

L'honneur d'Edward Finnigan by Anders Roslund & Börge Hellström

Auteur:Anders Roslund & Börge Hellström [Roslund, Anders & Hellström, Börge]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782258075665
Éditeur: Presses de la Cite*
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Dans l’Ohio, c’était encore le matin. Vernon Eriksen venait de suspendre son uniforme dans le placard de son bureau. Il terminait son service de nuit, le dernier avant longtemps ; il était content de retravailler de jour à partir du week-end prochain.

Quand il travaillait de nuit, la vacuité de sa vie lui paraissait encore plus insupportable.

Il avait peu d’amis et il ne sortait guère. Avec ce rythme, il était tout le temps fatigué. Et à force de dormir dans la journée, il n’avait plus aucun contact avec le monde extérieur.

Il ouvrit la porte de la cour et se dirigea vers la grille. Il avait téléphoné à Greenwood et à Biercoff. Ils n’avaient pas paru inquiets. Comme si eux aussi s’y attendaient, comme s’ils se doutaient que ça finirait par arriver un jour. Au fond d’eux-mêmes, ils étaient peut-être soulagés de ne plus vivre dans l’angoisse du lendemain.

La grille s’ouvrit et Vernon sortit. Il se sentait plus léger.

Les deux médecins connaissaient leur métier.

À leurs réunions, ils avaient cité des tas de médicaments et de diagnostics, ils avaient parlé de cardiomyopathie, de benzodiazépine, d’halopéridol, d’ipéca, de pavulon, de dérivés morphiniques et de Dieu sait quoi encore. Et leur plan… le faire passer pour mort, le transporter du couloir de la mort à une chambre froide, l’envoyer à l’autopsie dans un sac à cadavre, l’intercepter pour l’embarquer dans une voiture en route vers le nord… tout avait parfaitement fonctionné. Ensuite, ils étaient restés à leur poste pendant quelques mois ; démissionner tout de suite aurait pu éveiller des soupçons. Ils avaient profité d’une réorganisation des services pour partir sans qu’on leur pose de questions. John était déjà enterré depuis un bon moment quand Lothar Greenwood et Birgitte Biercoff avaient rendu leurs blouses blanches et pris le car pour Columbus, où leurs chemins s’étaient séparés. Munis de nouveaux papiers et de nouveaux diplômes, ils avaient refait leur vie chacun de leur côté.

Vernon leva la tête. La neige s’était mise à tomber ; de gros flocons qui tournoyaient et rendaient le sol plus souple. Il s’approchait du bourg. Il y connaissait chaque rue, chaque arbre ; il y vivait depuis toujours.

Ils avaient tenté de le ranimer. Ou plutôt, ils avaient fait semblant.

Personne ne devait voir autre chose qu’une équipe médicale effectuant les gestes nécessaires pour sauver une vie.

Greenwood l’avait intubé pour lui apporter l’oxygène dont il avait besoin. Biercoff lui avait fait un massage cardiaque.

Quelqu’un avait réclamé un défibrillateur. Un gardien avait accouru avec l’appareil.

Ils avaient beaucoup réfléchi à la manière de minimiser le choc. Ils n’avaient donc envoyé qu’une seule décharge. Puis ils avaient constaté l’absence de battements, en montrant un électrocardiogramme plat.

Restait l’injection. Ils l’avaient faite directement dans le cœur. Mais la seringue contenait du sel de cuisine, et non pas de l’adrénaline.

À Vernon, tout cela avait paru presque irréel. Il en avait ressenti une sorte de fierté, mais aussi un malaise.

Sa tâche avait consisté à manipuler l’électrocardiographe.

La veille, il avait découpé des morceaux de plastique souple et transparent de la taille des électrodes de l’appareil.



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